Histoire

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Histoire du site gallo-romain de Sanxay

Photographie du Père Camille de la Croix sur le site de Sanxay

Parcourez 2000 ans d’histoire à travers la découverte des vestiges antiques du site gallo-romain de Sanxay.

Un site antique immense

Un site conservé et protégé

Saviez-vous que le site gallo-romain de Sanxay était en fait une ville moyenne de la province antique d’Aquitaine ? Et aujourd'hui l'une des mieux conservées !

Ce site estimé à 25 hectares (soit 250 000 mètres carrés, l’équivalent du jardin du Luxembourg à Paris ou de 34,41 terrains de foot !) est une véritable ville foisonnante occupée du Ier au IVème siècle, avec des maisons, des commerces, un théâtre, des thermes et un sanctuaire. Sa particularité est d’être traversé par une rivière, la Vonne.

Abandonné à partir du IVème siècle, le site est ensuite exploité comme carrière de pierre. 

Il faut attendre la fin du XIXème siècle pour que celui-ci soit fouillé par un homme (et son équipe) : le Père Camille de la Croix.

Après avoir été inscrit sur la liste des monuments historiques en 1882, le site gallo-romain de Sanxay est racheté par l'État en 1884. L’acquisition de nouvelles parcelles en 1995 permet que le site soit aujourd’hui une réserve archéologique de 15 hectares. 

Le site gallo-romain de Sanxay vu du ciel
Le site gallo-romain de Sanxay vu du ciel

© Bernard-Noël Chagny / Centre des monuments nationaux

Le Père Camille de la Croix : un pionnier de l'archéologie !

Le Père Camille de La Croix (1831-1911) est un prêtre jésuite, un archéologue, et également le Président d’une société savante régionale : la Société des Antiquaires de l’Ouest.

En 1881, informé de l’existence d’un vaste gisement de ruines gallo-romaines, il intervient sur le site avec une quinzaine d’ouvriers. Il finance avec son propre argent la réalisation d’une importante campagne de dégagement des vestiges.

Presque 3 ans de chantier !

Ces fouilles de grande ampleur, effectuées de février 1881 à octobre 1883, concernent une quinzaine d’hectares sur 25 ! Elles mettent au jour les principaux monuments publics : le théâtre, les thermes et le sanctuaire.

Elles ont aussi révélé une ville dense, animée, composée de rues, de maisons (domus) et même d'un aqueduc (aujourd’hui remblayé).

Durant cette période, Jean-Camille Formigé, architecte en chef des monuments historiques, réalise de nombreux plans aquarellés des bâtiments antiques.

À la fin des fouilles, le Père Camille de La Croix demande que le site soit racheté et conservé par l’État, ce qui fut partiellement réalisé le 24 juillet 1884 avec l’acquisition des parcelles du théâtre, des thermes et du sanctuaire.

Ses documents, carnets, plans, dessins, photographies sont conservés et consultables aux Archives départementales de la Vienne.

De nombreux documents d’archives ont été numérisés avec l’Université de Poitiers et sont disponibles sur leur site internet : le Fonds du Père Camille de La Croix.

L’ensemble des objets retrouvés sur le site pendant les fouilles est conservé au Musée Sainte-Croix de Poitiers.

Portrait du Père Camille de la Croix par Henri Rondel
Portrait du Père Camille de la Croix par Henri Rondel

© Musée Sainte Croix de Poitiers - Christian Vignaud

Le théâtre

Pas de petites économies à l'époque de l'Antiquité !

L’emplacement du théâtre a été choisi en raison de l’escarpement de la vallée à cet endroit précis pour limiter les coûts de construction.

L’espace central (orchestra) a la forme d’un cercle, protégé par un haut mur (podium) comme pour un amphithéâtre. 

Son architecture mixte, mêlant la forme du théâtre classique à celle de l’amphithéâtre, suggère une grande diversité de manifestations. Il a pu s’y dérouler des jeux de différentes natures, des pièces de théâtre ou des combats. Compte tenu de la grande capacité d’accueil de l’édifice, il ne faut pas non plus oublier la possibilité que s’y soient déroulées des cérémonies religieuses et des rassemblements politiques.

Imaginez que le théâtre de Sanxay pouvait accueillir environ 6 500 spectateurs. C’est autant que le Zénith de Paris !

Bénéficiant d’une acoustique exceptionnelle, cet espace accueille depuis une vingtaine d’années des opéras en plein air lors des Soirées lyriques de Sanxay au mois d’août.
 

Vestiges du théâtre
Vestiges du théâtre

© Centre des monuments nationaux - Sébastien Arnault

Les thermes

Lieu d’hygiène et de détente par excellence, le complexe thermal de Sanxay répond, comme l’ensemble des bains publics édifiés à cette période, aux besoins d’une population soucieuse de son bien-être. 

Intégralement fouillés par Camille de La Croix, les thermes sont protégés par une couverture et sont dans un excellent état de conservation

Le rez-de-chaussée actuel était en fait le niveau - 2. C’est l’espace technique dédié à l’entretien des foyers destinés à chauffer les bassins ainsi qu’à l’évacuation des eaux usées.

Au-dessus, le niveau - 1 est occupé par les bassins réservés aux baigneurs. Après leur passage successif par les trois bassins chauffés principaux, ils terminent leur parcours en se plongeant dans une grande piscine non chauffée à l’air libre !

Le haut des murs actuel constitue en fait le rez-de-chaussée des thermes antiques. Il faut probablement imaginer 5 à 10 mètres d’élévation supplémentaires à ce bâtiment.

Les thermes
Les thermes

© Centre des monuments nationaux - Sébastien Arnault

Le sanctuaire

Le vaste sanctuaire principal de l’agglomération de Sanxay a été édifié sur une terrasse artificielle. Il occupait une imposante surface de près de 6 000 m2 au cœur du paysage urbain. 

Quatre murs aveugles sur ses côtés délimitaient l’espace sacré de la ville profane. Sa partie centrale était occupée par un temple ouvert à l’est. Il est composé d’une salle octogonale, entourée d’un portique cruciforme. La salle octogonale appelée cella est considérée comme la demeure du dieu vénéré et accueille sa statue monumentale. 

À Sanxay, selon l’hypothèse la plus vraisemblable, l’édifice aurait été dédié à Apollon et peut-être également à Mercure. L’accès à cet espace était probablement réservé aux seuls prêtres. Le portique cruciforme était beaucoup plus ouvert aux fidèles : ces derniers pouvaient y déambuler. 

Durant l’Antiquité, les hommes avaient le souci d’honorer régulièrement les dieux pour obtenir leurs faveurs. Des offrandes étaient laissées dans le temple pour remercier une divinité pour les services rendus ou à venir. Des cérémonies ont probablement dû avoir lieu à certaines dates du calendrier romain.

Le sanctuaire
Le sanctuaire

© Centre des monuments nationaux - Sébastien Arnault